Combien de choses peut nous évoquer ce monument ! Tout d’abord pour les amateurs d’architecture c’est un joyau de l’art gothique. Construite dès 1163 (pose de la première pierre) sa construction se poursuivra pendant 2 siècles. Voir l’article détaillé ici. Ensuite, elle symbolise aussi le mystère : bien présente dans l’œuvre de l’encore plus mystérieux Fulcanelli « Le mystère des cathédrales ». « Cet ouvrage paru en 1926 a pris, (…), une importance majeure dans l'histoire de l'alchimie. Il prétend poser un autre regard sur l'art gothique français, en s'intéressant à l'interprétation de la symbolique selon lui [Fulcanelli] assurément laissée par les alchimistes dans la pierre. » : Voici le début de ce curieux ouvrage :
LE MYSTÈRE DES CATHÉDRALES Fulcanelli
La plus forte impression de notre prime jeunesse, - nous avions sept ans, - celle dont nous gardons encore un souvenir vivace, fut l’émotion que provoqua, en notre âme d’enfant, la vue d’une cathédrale gothique. Nous en fûmes, sur-le-champ, transporté, extasié, frappé d’admiration, incapable de nous arracher à l’attrait du merveilleux, à la magie du splendide, de l’immense, du vertigineux que dégageait cette œuvre plus divine qu’humaine.
Depuis, la vision s’est transformée, mais l’impression demeure. Et si l’accoutumance a modifié le caractère prime-sautier et pathétique du premier contact, nous n’avons jamais pu nous défendre d’une sorte de ravissement devant ces beaux livres d’images dressés sur nos parvis, et qui développent jusqu’au ciel leurs feuillets de pierre sculptés.
En quel langage, par quels moyens pourrions-nous leur exprimer notre admiration, leur témoigner notre reconnaissance, tous les sentiments de gratitude dont notre cœur est plein, pour tout ce qu’ils nous ont appris à goûter, à reconnaître, à découvrir, même ces chefs-d’œuvre muets, ces maîtres sans paroles et sans voix ?
Images extraites du Mystère des cathédrales:
Mais, l’honneur d’avoir bâti lui aussi un merveilleux monument -de la littérature française en ce cas- revient à Victor Hugo avec son roman Notre-Dame de Paris (1831) dont voici un extrait :
Notre-Dame de Paris
Victor HUGO
Elle achevait à peine qu'elle vit revenir Quasimodo. Il portait un panier sous un bras et un matelas sous l'autre. Il y avait dans le panier une bouteille, du pain, et quelques provisions. Il posa le panier à terre, et dit : Mangez. — II étendit le matelas sur la dalle, et dit : Dormez. — C'était son propre repas, c'était son propre lit que le sonneur de cloches avait été chercher.
L'Égyptienne leva les yeux sur lui pour le remercier; mais elle ne put articuler un mot. Le pauvre diable était vraiment horrible. Elle baissa la tête avec un tressaillement d'effroi.
Alors il lui dit : — Je vous fais peur. Je suis bien laid, n’est-ce pas ? Ne me regardez point. Écoutez-moi seulement. — Le jour vous resterez ici; la nuit, vous pouvez vous promener par toute l'église. Mais ne sortez de l'église ni jour ni nuit. Vous seriez perdue. On vous tuerait et je mourrais.
Émue, elle leva la tête pour lui répondre. Il avait disparu. Elle se retrouva seule, rêvant aux paroles singulières de cet être presque monstrueux, et frappée du son de sa voix qui était si rauque et pourtant si douce.
Après le roman d’Hugo (avec son célèbre bossu Quasimodo) de nombreuses adaptations plus ou moins réussies ont été portées au cinéma. Mais je retiendrai surtout, et pour finir, la comédie musicale Notre-Dame de Paris (1998) de Luc Plamondon (paroles) Richard Cocciante (musique) et Gilles Maheu (mise en scène). Le rôle de Quasimodo était interprété par Garou, celui de Frollo par Daniel Lavoie et Patrick Fiori jouait le rôle de Phœbus. Esmeralda, quant à elle, fut d’abord joué par Noa, puis plus tard par Hélène Ségara. Dans la pièce la plus célèbre de tout le musical, la merveilleuse chanson « Belle », ces nouveaux trois ténors (Garou-Lavoie-Fiori) vont chanter l’amour que leur inspire la belle Esmeralda. Écoutez : Il n’y a rien de plus beau au monde !
La chanson mérite bien le nom qu'elle porte!
Quasimodo
Belle C'est un mot qu'on dirait inventé pour elle Quand elle danse et qu'elle met son corps à jour, tel Un oiseau qui étend ses ailes pour s'envoler Alors je sens l'enfer s'ouvrir sous mes pieds J'ai posé mes yeux sous sa robe de gitane À quoi me sert encore de prier Notre-Dame ? Quel Est celui qui lui jettera la première pierre ? Celui-là ne mérite pas d'être sur terre Ô Lucifer! Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois Glisser mes doigts dans les cheveux d'Esmeralda Frollo
Belle Est-ce le diable qui s'est incarné en elle Pour détourner mes yeux du Dieu éternel ? Qui a mis dans mon être ce désir charnel Pour m'empêcher de regarder vers le Ciel ? Elle porte en elle le péché originel La désirer fait-il de moi un criminel ? Celle Qu'on prenait pour une fille de joie une fille de rien Semble soudain porter la croix du genre humain Ô Notre-Dame ! Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois Pousser la porte du jardin d'Esmeralda | Phœbus
Belle Malgré ses grands yeux noirs qui vous ensorcellent La demoiselle serait-elle encore pucelle ? Quand ses mouvements me font voir monts et merveilles Sous son jupon aux couleurs de l'arc-en-ciel Ma dulcinée laissez-moi vous être infidèle Avant de vous avoir menée jusqu'à l'autel Quel Est l'homme qui détournerait son regard d'elle Sous peine d'être changé en statue de sel ? Ô Fleur-de-Lys, Je ne suis pas homme de foi J'irai cueillir la fleur d'amour d'Esmeralda
Quasimodo, Frollo, Phœbus
J'ai posé mes yeux sous sa robe de gitane À quoi me sert encore de prier Notre-Dame ? Quel Est celui qui lui jettera la première pierre ? Celui-là ne mérite pas d'être sur terre Ô Lucifer! Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois Glisser mes doigts dans les cheveux d'Esmeralda Esmeralda
Quasimodo: GAROU
Frollo: Daniel LAVOIE
Phœbus: Patrick FIORI |