Petit catalogue de films sur l'école
(Et que les Québécois me
pardonnent pour l'anglicisme utilisé dans le titre, d’usage courant en français !)
Les films traitant l’école et les problèmes qui y
sont liés sont nombreux dans la filmographie francophone…Je ne veux pas remonter
trop loin (même pas à l’année 1987 où il y avait le magistral Au revoir les enfants, film dont j'ai déjà parlé dans mon post Les films de 1987 et que je vais quand même utiliser pour mon affiche «Films-école» -voir en haut) et me borner à ce dernier siècle que nous avons entamé il y
a encore peu. Je me souviens d’avoir été particulièrement choqué par le drame
Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier (1999), puis l’histoire a
continué avec le succès du film documentaire Être et avoir de Nicolas Philibert
(2002)… un film que pourtant tout le
monde a oublié quand, deux ans après, Les choristes de Christophe Barratier avec
la musique de Bruno Coulais ont fait leur apparition (2004). Le phénomène a été
un véritable tsunami mondial car Les choristes et leur musique se sont
glissés partout dans le monde. En 2008,
les petits écoliers ont été remplacés, pour une fois, par les ados d’un collège
d’une ZEP dans Entre les murs de Laurent Cantet. Or, le point commun de
tous les titres que nous venons de citer est le genre
dramatique… malheureusement dans l'acception du terme «dramatique» comme synonyme de tragique. Ne pouvait-on donc pas faire un film sur l’école sans
pleurer ? se demandaient les enseignants qui, sous peine de se regarder le
nombril, assistaient à ces projections en s’essuyant furtivement les yeux à la
sortie. Pour nombre d’entre eux ce fut une libération le retour en force de la
comédie sur le drame avec Le petit Nicolas (2009) de Laurent Tirard, suivi de
Titeuf, le film (signé Zep, rien à voir avec la ZEP !) et sorti le 6 avril
2011 et presque en même temps L’élève Ducobu de Philippe de Chauveron sorti à
peine quelques jours plus tard (le 25 avril). Mais quand cette tendance semblait
s’installer, les Québécois lancent leur plus grand succès sur cette thématique
et le film Monsieur Lazhar du réalisateur Philippe Falardeau fait fureur sur
les grands écrans de toute la planète. Faut-il conclure -comme le titre du
roman de Daniel Pennac- que le mot chagrin est indissociable du mot
école ? Je laisse cette tâche aux psychologues, aux sociologues et aux
amateurs philosophes… mon but étant simplement celui de commenter Monsieur Lazhar. Ce film, dont le scénario est l’adaptation de la pièce Bashir Lazhar d'Évelyne de la Chenelière, est un pari ambitieux, car la
pièce était un monologue et le réalisateur a ajouté tout le reste.
L’histoire : Dans un collège de Montréal,
l’institutrice Martine Lachance (Quelle odieuse ironie!) décide de se suicider
et, profitant la pause de la récréation, se pend dans la salle où elle fait ses
cours. Alertée par un élève qui est le premier à faire la découverte macabre,
une institutrice peut quand même empêcher les autres élèves de voir le
tableau ! Se pose alors la question du remplacement, et, comme tombé du
ciel, un immigré algérien, Bashir Lazhar –rôle tenu par Mohamed Fellag– frappe
à la porte au bon moment car, malgré les formalités qui doivent être suivies il
sera embauché immédiatement par la Principale (au Québec, je pense que pour le
chef d’un établissement scolaire on parle simplement de directeur -ou directrice
dans ce cas- corrigez-moi si ce n’est pas correct !). On apprendra par la
suite que Bashir a lui aussi son drame : Ayant dû quitter l’Algérie,
menacé de mort à cause d’un livre que sa femme avait écrit et ne pouvant sortir
du pays accompagné de sa famille, il doit se résigner à partir tout seul.
Cependant, son épouse ainsi que ses deux enfants périront dans un incendie
criminel provoqué par ceux qui avaient été dénoncés. Il devra subir
l’humiliation de plaider devant une cour de justice pour faire valoir son
statut de réfugié pour des raisons humanitaires. À la question « Mais on
n’est plus dans les années 1990. On est revenu à la vie normale en Algérie… »,
Bashir réplique : « Rien n’est jamais tout à fait normal en
Algérie ».
Monsieur Lazhar débute donc ses cours, mais le côté
« choc culturel » ne va pas tarder à apparaître. Alors qu’il a donné
un petit coup avec la paume de sa main sur la tête d’un élève indiscipliné il
s’entend dire de la part d’une fille qu’il doit présenter ses excuses parce que
–je cite textuellement– « Ici, on n’est pas en Arabie Saoudite ».
La principale lui rappelle également l’interdiction absolue de toute forme de
contact physique avec les élèves que ce soit pour les punir ou pour leur faire
un câlin.
Signalons au passage que, si on doit définir Bashir
Lazhar, c’est en précisant qu’il est bien éloigné de toute forme d’intégrisme
et que le seul reproche que ses élèves peuvent lui faire, c’est son classicisme
et son éducation un peu trop cartésienne : Il change la disposition des
tables qui sont en demi-cercle par les files et les rangs traditionnels, et en
plus – quelle horreur ! – il fait une dictée sur La peau de chagrin de Balzac, qui, d’après
l’opinion des élèves, parle une langue plus proche du chinois que du français.
Le premier contact ne semble pas, somme toute, très positif. Mais Bashir est
optimiste et petit à petit il parviendra à « apprivoiser » sa classe.
J’arrête là le résumé du film et je ne veux pas
aller plus loin, je pense que c’est suffisant et certains me diront que j’ai
peut-être gâché l’intérêt ou le plaisir de le voir…j’espère bien que non !
Rien que les dialogues entre Bashir et ses élèves, sont, à eux seuls, un prétexte
suffisant pour voir ce beau film qui me rappelle un peu –parmi tous les films
que j’ai cités avant– Entre les murs. Sans pour autant oublier que les enfants
de Monsieur Lazhar sont beaucoup moins turbulents (peut-être parce qu’ils sont plus
jeunes et n’appartiennent pas à ce que l’on appelle un « milieu
défavorisé ») que ceux de l’instit protagoniste du film de Laurent Cantet.
Et maintenant les compléments vidéo autour du film:
Aujourd'hui, (25 mai) j'apprends que la vidéo du film dans son intégralité a ÉTÉ ELIMINÉE de Youtube. J'élimine à mon tour le lien que j'avais mis au pied de la page, devenu inutile. Je souhaite quand même qu'un maximum de personnes en auront pu profiter...
Désormais, ceux qui voudront le voir devront utiliser d'autres moyens -probablement payants- mais j'insiste, ça vaut le coup !
Un extrait de la pièce Bashir Lazhar d'où est tirée le scénario du film.
La bande annonce du film:
La présentation du film par son réalisateur, Philippe Falardeau