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samedi 29 octobre 2011

Spécial Il y a 25 ans. Les films de 1986


Suite logique de mon post antérieur, dans celui-ci je vous présente une sélection des films français -ou de co-production française- de l'année 1986.
Pour ce qui est des films, «La date de naissance» est parfois difficile à établir: Parle-t-on de la date de réalisation? De la date de sortie? J'ai choisi ce dernier critère pour confectionner cette liste car la majorité des films ne sortent pas forcément l'année de réalisation mais plutôt l'année suivante, ou parfois même plus tard.
Il y a sur la Toile de bonnes adresses avec la liste complète des films (réalisés dans ce cas-là en 1986) et entre parenthèses la date de sortie: Voir ici.
Ou bien, une autre adresse qui offre également des liens vers la fiche détaillée de ces films avec, en prime, l'affiche qui illustre tous les films un par un: Voir par là.
Finalement pour ne pas faire trop lourd, je passe également ce dernier lien sur le box-office de l'année 1986, où nous trouvons la liste de tous les films (français et étrangers) qui ont réussi à dépasser le million d'entrées cette année-là. On y trouve aussi l'information suivante: «Cette année, 372 films sortent sur les écrans...». Ouf! Quant à moi, je me suis limité à 20 films en prenant comme critères la qualité artistique et / ou le nombre d'entrées.
Encore une fois ma liste est ordonnée alphabétiquement, les articles n'étant pas pris en compte. Bien entendu, l'ordre chronologique aurait compliqué les choses pour essayer de trouver la date "exacte" de chaque film...

Pour commencer, 37°2 le matin , un film de Jean-Jacques Beineix. Un de ceux, nombreux, qui partagent l'étiquette de «film-culte».
Le curieux titre est une référence à la température normale, au réveil, d'une femme enceinte.


Un film d'animation, Astérix chez les Bretons, une co-production franco-danoise a été réalisé en 1986 par Pino Van Lamsweerde. Le film s'étant inspiré, bien entendu, de l'album éponyme du héros gaulois le plus connu du monde entier, mais avec pas mal de changements par rapport à la BD. Ajoutons, comme curiosité, que les séquences où apparaît le pirate noir avaient été censurées par la télévision britannique, celle-ci les jugeant comme "un stéréotype raciste". On a l'impression d'avoir trop entendu cette musique-là: Devons-nous, à présent, brûler notre album Tintin au Congo?


Thomas Gilou dirige le magistral et regretté Jacques Villeret dans une comédie intitulée Black Mic Mac. Oh, oui... les stéréotypes "racistes" sont encore présents pour ceux qui aiment chercher la petite bête! Les autres y voient une comédie amusante, un point c'est tout.


Francis Girod avait signé en 1986 Descente aux enfers, un film qui fait monter la température, car en Enfer, commme tout un chacun le sait, il fait chaud, mais si c'est en compagnie de Sophie Marceau, la température augmente encore ;-)
Si descendre aux enfers avec elle vous tente et que vous voulez la voir dans son bain, allez par là. (Cette vidéo ne fournit pas le code pour l'insertion).



















Encore un film de l'admirable Jacques Villeret: Les frères Pétard du réalisateur Hervé Palud a vu le jour en 1986. La comédie étant le registre où l'acteur se sentait plus à l'aise, le futur François Pignon du Dîner de cons, avait tourné 4 films au total cette année-là!


À propos du personnage «François Pignon» de Francis Veber, nous allons en trouver un «exemplaire» dans Les fugitifs, un film  où le dénommé Pignon sera interprété par Pierre Richard qui jouera à côté de Gérard Depardieu. Une autre comédie à se tordre de rire.


Toujours dans les comédies, La gitane, de Philippe de Broca, récolte pas mal de succès en racontant une autre histoire où les chercheurs de stéréotypes racistes auront toujours à redire...la gitane du film étant une voleuse! Que dire? À ces personnes-là je ne leur recommande surtout pas de lire les premières lignes de la nouvelle La gitanilla (wiki en espagnol) de Miguel de Cervantes !(wiki en français). Sauf s'ils tiennent vraiment à souffrir d'une crise cardiaque!


 Je réunis à présent 2 films en une seule entrée car ce sont les 2 volets d'une même histoire et aussi parce qu'il s'agit, pour moi, du meilleur qui a été produit en 1986. L'adaptation magistrale de l’œuvre de Marcel Pagnol, L'eau des colines, dans ses deux parties: Jean de Florette et Manon des sources, les deux réalisées par Claude Berri avec un bon nombre des monstres sacrés du cinéma français réunis dans une histoire touchante -l'esprit de Pagnol a été admirablement conservé- où les acteurs ont produit une performance magique.
Croyez-moi, dans ces 2 films tout est bon! Et surtout on ne se lasse pas de les revoir. 25 ans après, ça vaut toujours le coup: Faites-en l'expérience!

Jean de Florette (avec Gérard Depardieu dans le rôle de Jean)


Manon des sources (avec Emmanuelle Béart dans le rôle de Manon)


Vous aimez la musique brésilienne? Et les paysages de l'Île d'Yeu? Dans ce cas allez voir Maine Océan. Le titre de ce film de Jacques Rozier est le nom du train Corail où les personnages vont tout d'abord se rencontrer avant de s'embarquer pour l'île d'Yeu.
Toujours de la comédie mais avec des réflexions intéressantes sur la condition et les passions humaines.


En 1986, Leos Carax nous offre Mauvais sang, un drame qui mélange histoires de gangsters, poésie, science-fiction... et j'en passe- en réunissant le même tandem (Denis Lavant et Juliete Binoche) que nous retrouverons 5 plus tard, dirigés par le même réalisateur, dans Les amants du Pont-Neuf (film  beaucoup plus apprécié par les critiques que Mauvais sang et curieusement plus coté à l'étranger qu'en France!).


Quand on parle de cote, si quelqu'un peut prétendre avoir une cote d'enfer comme réalisateur, c'est sans doute Alain Resnais, détenteur du meilleur palmarès des Césars. Pourtant, son film Mélo -qui s'inspire de la pièce de théâtre homonyme du dramaturge Henri Bernstein- a dû se contenter cette année-là d'être simplement nommé et a été devancé par Thérèse d'Alain Cavalier, dont je parlerai plus loin. Sabine Azéma (meilleure actrice) et Pierre Arditi (meilleur second rôle) ont obtenu néanmoins les récompenses respectives lors des Césars 1987 pour leurs rôles dans Mélo.

Ici, un court extrait avec Fanny Ardant et Pierre Arditi :


Le professeur de sémiotique Umberto Eco décide de se lancer dans la carrière de romancier en 1980 avec Le nom de la rose (Il nome della rosa) qui devient tout de suite un des plus grands monuments de la littérature du XXe siècle et qui, dans la foulée, va remettre au goût du jour le roman historique. J'ai l'impression que depuis Le nom de la rose, absolument tous les écrivains (les bons, les moyens et les médiocres) se sont précipités sur ce filon, apparemment inépuisable...
Le succès étant si immédiat et foudroyant, l'adaptation cinématographique ne pouvait pas manquer et Le nom de la rose (Der name der Rose) de Jean-Jacques Annaud apparaît six ans plus tard. Le film gagnera le César au meilleur film étranger, compte tenu qu'il s'agit d'une co-production franco-italo-allemande, avec, dans le rôle principal, un Sean Connery qui signera sans doute la meilleure performance artistique de toute sa carrière.
On entend souvent qu'un roman excellent peut donner un film médiocre. Ce n'est pas le cas de Le nom de la rose. Et s'il ne faut jamais comparer le langage littéraire avec celui du cinéma, car ce dernier perd une quantité importante de détails que l'on ne peut pas conserver dans l'adaptation, il faut quand même rétablir l'équilibre entre les deux langages et récompenser l'effort que les metteurs en scène doivent faire pour raconter une histoire d'environ 500 pages en 2 heures.
Bref: Chapeau maestro Eco, Chapeau maître Annaud.


En 1985, Josiane Balasko et Michel Blanc avaient fait la mise en scène et joué dans la pièce de théâtre Nuit d'ivresse. Un an après, Bernard Nauer en fait l'adaptation cinématographique (Nuit d'ivresse, le film) en reprenant Josiane Balasko, cette fois-ci accompagnée de Thierry Lhermitte. Une comédie -mais avec des notes amères- qui raconte parfaitement ce que le titre décrit: La péripétie nocturne d'un couple complètement différent et dont la rencontre -autrement impossible- est conséquence de l'intoxication éthylique des deux protagonistes.


Mélange de drame et de fantastique, Le passage de René Manzor est surtout un essai d'Alain Delon -protagoniste, producteur et co-scénariste de ce film- pour récupérer le prestige perdu durant ces années 1980, suite logique d'une série d'échecs de public et de critique qui l'amènent à vouloir renouveler son image (voir article détaillé sur la Wikipédia). Malgré tous ses efforts, Alain Delon , qui comme dans le film aurait voulu trouver la lumière au bout du tunnel, doit se contenter, une fois de plus, d'une réussite partielle probablement inférieure à celle qu'il souhaitait. Uniquement le générique chanté par Francis Lalanne (frère du réalisateur de ce film) connaît un vrai succès.


Un film de pirates, appelé simplement comme ça (Pirates, en anglais et en français) est sorti en 1986. Il s'agit d'un coproduction franco-américaine du toujours polémique -ou, du moins, objet de controverses en permanence-réalisateur Roman Polanski. Et tout cela parce que les Américains n'ont pas dans leur droit pénal la figure juridique de la prescription, ce qui fait que monsieur Polanski soit toujours réclamé par la justice américaine pour un délit (viol sur mineure) de l'année 1977 ! Comme quoi, certains Français Devraient Se Kalmer avant de voyager aux USA. (Oui, je sais, elle est mauvaise ma blague...).
Le film, quant à lui, a obtenu un nombre d'entrées légèrement inférieur à celui d'Alain Delon que nous venons de commenter. En revanche, l'investissement (le côté américain) a été beaucoup plus lourd. Pour l'anecdote, disons que le galion espagnol du film, Le Neptune, a coûté 1 an de travaux et 8 millions de dollars et qu'il avait été assuré pour 30 millions!

Les films d'Éric Rohmer ressemblent parfois à des documentaires car ce réalisateur renonçait au scénario écrit classique (qui chez lui disparaît) et demandait aux acteurs de jouer librement sur un canevas qui leur laissait toute la liberté possible pour ce qui est de l'improvisation et de  la spontanéité. Le film se construisant ainsi petit à petit, il devenait plus vraisemblable pour le spectateur que les films classiques qui se limitent à répéter un scénario connu à l'avance.  
Le rayon vert est le cinquième film sur six de la série Comédies et Proverbes. Le titre est une allusion au phénomène optique et atmosphérique, qui, par temps clair, se produit à l'horizon marin avec le tout dernier rayon de soleil qui est perçu comme un bref éclair de lumière verte.
Chose rare sur Youtube, le film a été  affiché intégralement par quelqu'un qui doit avoir des privilèges spéciaux. De plus, avec le bouton "CC" il est possible d'avoir des sous-titre en anglais ou en espagnol. Le voici:

(Explication du phénomène vers la minute 57)

Le thème de l'homosexualité et son traitement -très osé il y a 25 ans, il suffit de lire l'affiche en bas- par Bertrand Blier a choqué les critiques et le public de l'époque. Le pari était lourd, mais Blier s'en est parfaitement sorti avec le travail de Gérard Depardieu, de Michel Blanc et de Miou Miou dans le film Tenue de soirée. Ce film raconte comment un couple qui a touché fond  -Antoine et Monique- (Blanc et Miou Miou) est «remonté» par un type dur -Bob- (Depardieu). Ce dernier étant homosexuel, il réclamera des relations à Antoine qui finira par accepter, encouragé par sa compagne, reconnaissante après avoir constaté que son niveau de vie s'était amélioré grâce à Bob. Finalement, Antoine avouera à Monique «qu'il aime ça»... La séquence vidéo présente justement ce moment de la relation du trio.


Nous arrivons à présent au film qui a remporté le prix du jury au Festival de Cannes et, l'année suivante,  le César du meilleur film réalisé en 1986: Thérèse d'Alain Cavalier, une adaptation très libre de la vie de la carmélite Sainte Thérèse de Lisieux (aussi connue comme sainte Thérèse de l'Enfant Jésus). Le film a sans doute mis mal à l'aise un certain secteur de l'Église car Cavalier -qui a gagné également le César au meilleur réalisateur pour ce travail- y questionne la sainteté de la religieuse.

Et le dernier film de la liste: La comédie Twist again à Moscou de Jean-Marie Poiré qui nous offre les typiques poursuites que les héros de ce film devront subir de la part des «méchants» du KGB. Après tout, en 1984 (date de l'action, soit 2 ans avant la sortie du film) le mur de Berlin n'était pas encore tombé! Et la Russie c'était l'URSS. Le générique du début du film va  aussi transformer les noms des interprètes principaux pour leur donner une sonorité soi-disant «slave». ainsi nous trouvons dans les rôles principaux «Philippe Noiretov», «Christian Clavierov» ou encore «Agnès Soralsky».
C'est tout. J'espère que je vous aurai donné envie de (re)voir certains de ces films. 25 ans après, si un film est bon il continue à l'être!