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dimanche 20 mai 2012

Monsieur Lazhar: Le must du cinéma québécois

Petit catalogue de films sur l'école


(Et que les Québécois me pardonnent pour l'anglicisme utilisé dans le titre, d’usage courant en français !)

 Les films traitant l’école et les problèmes qui y sont liés sont nombreux dans la filmographie francophone…Je ne veux pas remonter trop loin (même pas à l’année 1987 où il y avait  le magistral Au revoir les enfants, film dont j'ai déjà parlé dans mon post Les films de 1987 et que je vais quand même utiliser pour mon affiche «Films-école» -voir en haut) et me borner à ce dernier siècle que nous avons entamé il y a encore peu. Je me souviens d’avoir été particulièrement choqué par le drame Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier (1999), puis l’histoire a continué avec le succès du film documentaire Être et avoir de Nicolas Philibert (2002)… un film  que pourtant tout le monde a oublié quand, deux ans après, Les choristes de Christophe Barratier avec la musique de Bruno Coulais ont fait leur apparition (2004). Le phénomène a été un véritable tsunami mondial car Les choristes et leur musique se sont glissés  partout dans le monde. En 2008, les petits écoliers ont été remplacés, pour une fois, par les ados d’un collège d’une ZEP dans Entre les murs de Laurent Cantet. Or, le point commun de tous les titres que nous venons de citer est  le genre dramatique… malheureusement dans l'acception du terme «dramatique» comme synonyme de tragique. Ne pouvait-on donc pas faire un film sur l’école sans pleurer ? se demandaient les enseignants qui, sous peine de se regarder le nombril, assistaient à ces projections en s’essuyant furtivement les yeux à la sortie. Pour nombre d’entre eux ce fut une libération le retour en force de la comédie sur le drame avec Le petit Nicolas (2009) de Laurent Tirard, suivi de Titeuf, le film (signé Zep, rien à voir avec la ZEP !) et sorti le 6 avril 2011 et presque en même temps L’élève Ducobu de Philippe de Chauveron sorti à peine quelques jours plus tard (le 25 avril). Mais quand cette tendance semblait s’installer, les Québécois lancent leur plus grand succès sur cette thématique et le film Monsieur Lazhar du réalisateur Philippe Falardeau fait fureur sur les grands écrans de toute la planète. Faut-il conclure -comme le titre du roman de Daniel Pennac- que le mot chagrin est indissociable du mot école ? Je laisse cette tâche aux psychologues, aux sociologues et aux amateurs philosophes… mon but étant simplement celui de commenter Monsieur Lazhar. Ce film, dont le scénario est l’adaptation de la pièce Bashir Lazhar d'Évelyne de la Chenelière, est un pari ambitieux, car la pièce était un monologue et le réalisateur a ajouté tout le reste.

L’histoire : Dans un collège de Montréal, l’institutrice Martine Lachance (Quelle odieuse ironie!) décide de se suicider et, profitant la pause de la récréation, se pend dans la salle où elle fait ses cours. Alertée par un élève qui est le premier à faire la découverte macabre, une institutrice peut quand même empêcher les autres élèves de voir le tableau ! Se pose alors la question du remplacement, et, comme tombé du ciel, un immigré algérien, Bashir Lazhar –rôle tenu par Mohamed Fellag– frappe à la porte au bon moment car, malgré les formalités qui doivent être suivies il sera embauché immédiatement par la Principale (au Québec, je pense que pour le chef d’un établissement scolaire on parle simplement de directeur -ou directrice dans ce cas- corrigez-moi si ce n’est pas correct !). On apprendra par la suite que Bashir a lui aussi son drame : Ayant dû quitter l’Algérie, menacé de mort à cause d’un livre que sa femme avait écrit et ne pouvant sortir du pays accompagné de sa famille, il doit se résigner à partir tout seul. Cependant, son épouse ainsi que ses deux enfants périront dans un incendie criminel provoqué par ceux qui avaient été dénoncés. Il devra subir l’humiliation de plaider devant une cour de justice pour faire valoir son statut de réfugié pour des raisons humanitaires. À la question « Mais on n’est plus dans les années 1990. On est revenu à la vie normale en Algérie… », Bashir réplique : « Rien n’est jamais tout à fait normal en Algérie ».

Monsieur Lazhar débute donc ses cours, mais le côté « choc culturel » ne va pas tarder à apparaître. Alors qu’il a donné un petit coup avec la paume de sa main sur la tête d’un élève indiscipliné il s’entend dire de la part d’une fille qu’il doit présenter ses excuses parce que –je cite textuellement– « Ici, on n’est pas en Arabie Saoudite ». La principale lui rappelle également l’interdiction absolue de toute forme de contact physique avec les élèves que ce soit pour les punir ou pour leur faire un câlin.

Signalons au passage que, si on doit définir Bashir Lazhar, c’est en précisant qu’il est bien éloigné de toute forme d’intégrisme et que le seul reproche que ses élèves peuvent lui faire, c’est son classicisme et son éducation un peu trop cartésienne : Il change la disposition des tables qui sont en demi-cercle par les files et les rangs traditionnels, et en plus – quelle horreur ! – il fait une dictée sur La peau de chagrin de Balzac, qui, d’après l’opinion des élèves, parle une langue plus proche du chinois que du français. Le premier contact ne semble pas, somme toute, très positif. Mais Bashir est optimiste et petit à petit il parviendra à « apprivoiser » sa classe.

J’arrête là le résumé du film et je ne veux pas aller plus loin, je pense que c’est suffisant et certains me diront que j’ai peut-être gâché l’intérêt ou le plaisir de le voir…j’espère bien que non ! Rien que les dialogues entre Bashir et ses élèves, sont, à eux seuls, un prétexte suffisant pour voir ce beau film qui me rappelle un peu –parmi tous les films que j’ai cités avant– Entre les murs. Sans pour autant oublier que les enfants de Monsieur Lazhar sont beaucoup moins turbulents (peut-être parce qu’ils sont plus jeunes et n’appartiennent pas à ce que l’on appelle un « milieu défavorisé ») ­que ceux de l’instit protagoniste du film de Laurent Cantet.

Et maintenant les compléments vidéo autour du film:
Aujourd'hui, (25 mai) j'apprends que la vidéo du film dans son intégralité a ÉTÉ ELIMINÉE de Youtube. J'élimine à mon tour le lien que j'avais mis au pied de la page, devenu inutile. Je souhaite quand même qu'un maximum de personnes en auront pu profiter...
Désormais, ceux qui voudront le voir devront utiliser d'autres moyens -probablement payants- mais j'insiste, ça vaut le coup !

Un extrait de la pièce Bashir Lazhar d'où est tirée le scénario du film.


La bande annonce du film:



La présentation du film par son réalisateur, Philippe Falardeau


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